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REYNAUD Léonce
Responsable du Service des Phares et Balises de 1846 à 1877.
Il participa à l’éclairage des côtes littorales pendant plus de trente-deux ans, réalisant la moitié des 116 phares construits, environ 200 repères flottants éclairés et l’installation de quelques trois mille tours, tourelles, balises ou amers.
Il équipa aussi plusieurs phares d’éclairage électrique et substitua l’huile de colza à l’huile minérale comme combustible dans certains cas. Cette innovation fut aussitôt reprise par d’autres pays (technique et esthétique). Parmi ceux-ci, on peut citer son premier phare des Héaux, construit à Bréhat en 1834 ou le phare de Nouvelle Calédonie constitué d’une grande tour à ossature métallique s’élargissant à sa base pour l’habitat du gardien. Ce phare fut construit en France puis transporté et réassemblé sur place en 1865, tandis que sa réplique fut érigée sur le Champ-de-Mars, deux en plus tard.
La tour cylindrique du phare d’Ar-Men, à la pointe de la chaussée de Sein balayée de courants violents, témoigne des difficultés rencontrées par les ouvriers qui, en 1867, ne peuvent y travailler que dix-huit heures, couchés et enchaînés aux rochers battus par les lames. Reynaud ne verra pas son achèvement.
Comme pour d’autres ingénieurs de son temps, sa vie privée et professionnelle se confondent, et fonctions et responsabilités se superposent tout au long de sa carrière.
Expulsé de Polytechnique en 1822, un an après son entrée, pour ses idées libérales…, il y enseigne l’architecture pendant trente ans, ainsi qu’à l’Ecole des Ponts et Chaussées où il crée, en particulier, la galerie des modèles et qu’il dirige de 1869 à 1873. Durant cette période, sous la direction de Camille Onfroy de Bréville, il est spécialement chargé, entre 1842 et 1847, de la construction de la gare du Nord à Paris. Il est aussi, tour à tour ou simultanément, inspecteur général des Edifices diocésains, membre des conseils de Polytechnique, des Bâtiments civils, des Beaux-Arts, du comité de la Société centrale de sauvetage et président de la commission d’arbitrage pour le rachat des chemins de fer du Sud-Ouest et celle de l’Atlas des ports maritimes…
Architecte, ingénieur, organisateur, administrateur, humaniste, il sait tirer le meilleur parti des hommes en stimulant leurs aptitudes.
Parmi ses nombreuses publications sur les phares, l’éclairage, le balisage, son Traité d’architecture sur l’art de bâtir, le comportement des édifices et les propriétés et résistance des matériaux, s’inscrit dans la pensée de Vitruve et des Grecs. A la fois doctrine et recueil d’exemples, il a été souvent traduit et même contrefait ! Entre 1876 et 1883, il édite également cinq volumes remarquables et illustrés de photographies sur les routes et ponts, les chemins de fer, les rivières et canaux, les ports de mer et les phares et balises, pour valoriser les grands travaux de l’époque dont la virtuosité dépasse à ses yeux celle des anciens. L’ensemble constitue la prestigieuse publication Les travaux publics de la France. Malgré la maladie, il meurt « debout », avec « la tranquillité d’un sage et la résignation d’un croyant ».
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