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HENNEBIQUE François
Inventeur et promoteur de la construction en béton armé
Né en 1842 à Neuville-Saint-Vaast (Pas de Calais), François Hennebique devient maçon en 1860 et décide peu de temps après de se mettre à son compte, avec une activité principale de restauration d’églises ; il dirige notamment en 1865 la reconstruction de l’église St. Martin à Courtrai.
Vers 1867, il crée sa propre entreprise de réfection de bâtiments et s’installe à Bruxelles où il y résidera jusqu’en 1887. En 1879, il réalise les planchers d’une villa dénommée château de Mendonck près de Selzate en Belgique où il remplace des poutrelles métalliques enrobées de béton par des armatures en acier qui sont enfilées dans des entretoises poinçonnées. Puis il remplace ces entretoises par des étriers pour une construction plus pratique.
En 1886, il dépose un premier brevet à Bruxelles sur des « gîtages et planchers tubulaires incombustibles, insonores et économiques » (Nota : un gîtage est un ensemble de solives et de lambourdes supportant un parquet), dans lequel il préconise que les forces de tensions soient reprises seulement par les armatures dans le béton. Hennebique fabrique et met en œuvre lui-même ces planchers constituées de poutres préfabriquées assemblées par des joints en mortier de ciment. En 1889, il construit une villa à Lombartzyde-Dune qui peut être considérée comme la première application du béton armé Hennebique à la construction, avec des planchers de 26 cm d’épaisseur ; en 1890 il construit une autre villa à Nieuport-Bains.
En 1892, il abandonne son statut d’entrepreneur, devient ingénieur consultant et développe son bureau d’études. Il dépose alors en février 1892 à Bruxelles un brevet sur des gîtages constituées d’augets métalliques remplis de bétons et ressemblant à nos planchers à bacs collaborants actuels, avec l’idée d’en concéder l’usage à de nombreux concessionnaires. Cette même année, en août, il dépose en France un brevet dans lequel la partie inférieure des gîtes de section trapézoïdale sont armées par des ronds lisses et où des « ancres et agrafes » en feuillards sont disposées pour reprendre l’effort tranchant. Il diffuse également une brochure pour faciliter le dimensionnement de ses planchers.
A partir de 1893, Il s’allie aux forges de Sedan pour la fabrication des armatures, étend son procédé à des pays Européens et diffuse son système de béton armé auprès de concessionnaires. C’est ainsi qu’il participe à la conception et la construction de nombreux chantiers dans le Nord de la France (Moulins de Don et de Brébières (1893), usines de tissages, entrepôts…), à Paris (écuries et manutentions des grands magasins du Bon Marché (1897), Petit et Grand Palais (1898-1899), pavillons pour l’exposition universelle de 1900, etc.) ainsi que dans le reste de la France (Grands Moulins de Nantes (1895), hôtel du Parc Impérial à Nice (1899-1900), etc.). Il s’appuie sur des entreprises de travaux en ciment qu’il accompagne et surveille pour lancer son système. En 1894, il construit avec son concessionnaire suisse Samuel de Mollins, son premier pont en béton armé à la gare de Wiggen (commune d’Escholzmatt en Suisse) : un aqueduc en béton armé (dalle de 2, 40 m d’ouverture).
En 1897, il publie un additif au brevet de 1892 où il introduit des poutres continues sur appui avec des étriers plats en forme de U et des armatures inclinées dans les zones d’effort tranchant. A partir de cette même année, il organise des Congrès annuels réunissant ses concessionnaires et lance en 1898 sa revue « Le Béton Armé », deux instruments pour assurer la cohésion de son entreprise et promouvoir son système au sein d’une forte concurrence de systèmes.
En France, de 1898 à 1900, il construit son premier immeuble en béton armé au n°1, rue Danton à Paris avec l’architecte lyonnais Édouard Arnaud et y installe le siège de son entreprise, ainsi que le premier pont routier en béton armé de France, le pont Camille-de-Hogues sur la Vienne à Châtellerault (1899-1900), pont comportant 3 arches surbaissées de portée 40-50-40 m. De 1901 à 1904, il construit à Bourg-la-Reine sa maison (dite Villa Hennebique) à l’architecture originale avec une tour-minaret de 40 m de haut (elle est Inscrite depuis 1972 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques), ainsi que la villa Majorelle à Nancy (1901-1902) et la gare de Metz et son château d’eau (1905-1908) pendant l’occupation allemande.
A l’étranger, de nombreuses constructions sont effectuées selon le système Hennebique parmi lesquelles on peut mentionner le musée des Antiquités égyptiennes du Caire (1896 -1899) , la passerelle Mativa à Liège (1904-1905), les rotondes pour locomotives à Tbilissi en Russie (1908) et Kozu au Japon (1911), ainsi que deux ouvrages remarquables conçus et construits par le concessionnaire italien l’ingénieur Porcheddu : le Pont du Risorgimento à Rome (arche unique de 100 m de portée, record du monde) (1909 – 1911) et la reconstruction du campanile de Saint-Marc à Venise (1912).
A noter qu’en 1903, un jugement du tribunal invalide son brevet principal de 1892 en raison de l’existence du brevet de Monier.
En 1914, à la veille de la première guerre mondiale, l’entreprise Hennebique constitue une véritable multinationale comptant 127 agents commerciaux, 491 concessionnaires, seuls autorisés à exploiter ses brevets, répartis dans 38 pays.
François Hennebique meurt à Paris en 1921.