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TAILLIBERT Roger

(1926 - 2019)

Le prince des arènes sportives.

Roger Taillibert est né le 21 janvier 1926 à Châtres-sur-Cher (Loir-et-Cher). A l’issue de ses études d’architecture à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, il obtient en 1955 son diplôme de l’Ecole du Louvre avec la mention “très bien”. En 1957, ayant reçu une bourse de l’Etat, il effectue un voyage d’étude en Suède, en Finlande et en Amérique, avant d’être pendant deux ans Logiste au Grand Prix de Rome puis à ce terme Lauréat de l’Institut de France pour ses recherches (1959). C’est à cette époque qu’il effectue des stages aux ateliers d’Alvar Aalto, de Walter Gropius, de Frank Lloyd Wright et de Félix Candela.

De 1962 à 1966, il travaille à l’Institut Polytechnique de Stuttgart où il commence à s’intéresser aux structures légères et mobiles. Il y réalise les premières grandes membranes tendues au monde et dépose de nombreux brevets.  En 1966 il revient en France et est nommé Architecte en Chef des Bâtiments Civils et Palais Nationaux et Chargé de recherches de structures dans le domaine sportif pour le ministère de l’Éducation nationale et des Sports.

En 1965, Roger Taillibert, conçoit et dessine la piscine de Deauville avec un grand bassin de taille olympique alimenté en eau de mer. Sa forme très innovante, inspirée par la forme des vagues, fait appel au béton précontraint et utilise la technique des voiles minces de longue portée expérimentée au début des années 1960, et dont Roger Taillibert sera le spécialiste. Cette création architecturale va lancer et orienter la carrière de Roger Taillibert vers la création des grandes arènes sportives, avec deux commandes prestigieuses : Le Parc des princes à Paris et le complexe olympique de Montréal.

En 1972, Roger Taillibert est appelé à réaliser le nouveau stade du Parc-des-Prince ; il fallait reconstruire un stade, sans entraver la circulation des voitures sur le périphérique, et sans arrêter pour autant le déroulement des compétitions sportives, tout en abritant 50.000 spectateurs. Il a ainsi révolutionné l’art de concevoir les enceintes sportives, multipliant les prouesses techniques, et s’est fait une réputation internationale en tant que spécialiste des voiles de béton.

Présentation par Roger Taillibert de la maquette du Parc des Princes au secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Jeunesse et des Sports, Joseph Comiti. (© Atelier Roger Taillibert)
Le stade olympique de Montréal (© Wikipédia)

Architecte du mythique “chaudron” (le Parc des Princes de la Porte de Saint-Cloud !), il est repéré par le Maire de Montréal au Canada Jean Drapeau qui va, durant cinq ans, le prendre comme Architecte-Conseil de la Ville de Montréal. C’est ainsi que l’on doit à Roger Taillibert le parc olympique de Montréal construit pour les Jeux olympiques de 1976 et incluant le célèbre Stade olympique (56 000 places) avec son toit rétractable à partir d’une  grande tour inclinée de 175 m de hauteur.

Le stade olympique de Montréal (© AFGC, N. Richet)

Roger Taillibert est également connu pour avoir dessiné et conçu d’autres arènes célèbres :

  • la Cité scolaire de Chamonix-Mont-Blanc (1969-1974) intègre dans de multiples voûtes constituées d’un voile mince en béton précontraint reposant sur 3 appuis et disposant de portées jusqu’à 60 mètres un lycée, l’école nationale de ski et d’alpinisme (ENSA), une Maison des Jeunes et de la Culture, une médiathèque ;
  • le Stadium Nord de Villeneuve-d’Ascq (1973-1976), à l’époque premier équipement sportif de la métropole de Lille ;
  • le Khalifa Stadium au Qatar de 40 000 places, inauguré en 1976 pour accueillir la Coupe du Golfe des Nations de football, et rénové en 2017 pour accueillir les matchs de la coupe du monde de football de 2022 ; le stade est implanté au cœur de l’Aspire Zone de Doha où Roger Taillibert a aussi réalisé l’académie des sports Aspire ;
  • Le Centre national sportif et culturel d’Coque conçu à la fin des années 1990 au Luxembourg,

De 1976 à 1983, il est membre de la Commission Financière des Experts pour les Bâtiments Publics du Parlement Européen, Architecte en Chef, Conservateur du Grand Palais et du Palais de Chaillot, Architecte-Conseil des Émirats Arabes Unis, et Architecte-Conseil de la Ville de Tripoli (Liban) en 1993.

Roger Taillibert était un ardent défenseur des courbes : « Mais regardez autour de vous Grand Dieu ! Que donne à voir la nature ? Des courbes, rien que des courbes ! Même la ligne de l’horizon n’est pas horizontale ! Ne cherchez pas plus loin : mes modèles, c’est dans la nature que je les trouve ! Courbe est la nature, courbe sera mon architecture. » Cet hymne à la courbe conduit à un sentiment de plénitude dans les réalisations architecturales de Roger Taillibert : « Je cherche à faire une architecture apaisante, qui donne envie d’aller plus loin. C’est pour cela que je pioche mes formes dans la nature, des simples coquillages aux formes d’animaux, pour en extraire des courbes. ». C’est ainsi que l’on retrouve ces thèmes dans ses sculpturales réalisations dans le domaine sportif. Déjà, le Parc de princes, avec ses portiques préfabriqués en béton précontraint, en porte-à-faux de 45 m au-dessus des gradins. Puis, le Centre de natation de Deauville et sa structure de couverture en longues coques surbaissées en béton précontraint et aux courbes très tendues de 45 m de portée. Ensuite, le Complexe culturel et sportif de Chamonix et sa série de voûtes en voiles minces, tendus de 22 à 60 m de portée, et dominées par d’impressionnants volumes verticaux. Enfin, le Centre national d’entraînement en altitude Marceau-Crespin de Font-Romeu et ses nombreux éléments de structure préfabriqués avec quelques 50 nervures tubulaires traitées en béton précontraint absorbant des porte-à-faux de 25 à 45 m.

Elu à l’Académie des beaux-arts en 1983, deux fois président de cette Académie en 2004 et 2010, président de l’Institut de France en 2010, Roger Taillibert a reçu de nombreux prix et distinctions dont le Grand Prix National d’Architecture obtenu en 1976.

Il meurt à Paris le 3 octobre 2019, à l’âge de 93 ans.