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BOYER Léon
L’ingénieur qui a permis le franchissement de la gorge de la Truyère à Garabit.
Léon Boyer est né le 23 février 1851 à Florac en Lozère. Il est le fils d’une riche famille de cette même ville, son père François Gaston Boyer est notaire et sa mère Henriette Françoise Jaffard est issue d’une famille de la bourgeoisie industrielle.
En 1869, il intègre l’École Polytechnique à l’âge de 18 ans. Nommé sous-lieutenant le 1er octobre 1870, il est attaché au Fort de Romainville pendant le siège de Paris. Après cette période militaire, il est nommé élève ingénieur des Ponts et chaussées le 1er novembre 1871. Il termine ses études, à 23 ans, le 18 octobre 1874 jour de sa nomination comme ingénieur ordinaire des ponts et chaussées.
Il épouse Esther Adrienne Marguerite Merle le 15 octobre 1881 à Alès, et ont deux enfants : Marguerite Boyer, née le 27 juillet 1882 à Marvejols et Gaston Henri Boyer, né le 30 mars 1886 à Paris qui deviendra polytechnicien et inspecteur des finances.
Après avoir effectué un an dans le département de l’Orne comme attaché au service ordinaire de l’arrondissement d’Alençon, Léon Boyer obtient de retourner dans sa région d’origine avec une affectation le 1er juillet 1875 à l’arrondissement de Marvejols, comme chargé du service ordinaire et du service hydraulique, ainsi que des études et travaux des lignes chemins de fer de Le Monastier à Marvejols, et de Marvejols à Neussargues.
C’est à Marvejols qu’il fait ses débuts dans les grands travaux, avec l’étude de la reconstruction du pont de La Mothe, sur le Lot, emporté lors de la crue du 13 septembre 1875. Puis il s’occupe d’améliorer le tracé de la ligne de chemin de fer de Marvejols à Neussargues en réduisant sa déclivité et en construisant le viaduc de la Crueize sur les gorges du même nom : ce viaduc a 63 mètres de hauteur et 218 mètres de longueur.
Mais son coup d’éclat concerne le franchissement de la gorge de la Truyère. La première solution étudiée pour la ligne ferroviaire à cet endroit et approuvée par l’Administration supérieure en 1877, consistait à descendre le long des flancs de la vallée d’Arconie, à franchir la Truyère à un niveau très bas puis à remonter le long de la vallée du Mongon. Léon Boyer remet en question ce tracé en accord avec M. Bauby, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, et propose d’établir la ligne sur le plateau de la Margeride au lieu de la poser sur le flanc escarpé des vallées, et de franchir la Truyère à environ 123 m au-dessus du point le plus bas de la vallée. Léon Boyer imagine que le franchissement serait réalisé par un arc de 160 m de portée et de 50 m de flèche, analogue à celui employé au pont ferroviaire de Porto sur le Douro. L’accès se ferait par des travées métalliques de 50 m de portée reposant sur des piles métalliques dont la hauteur maximum serait de 78 m, inférieure à celle de la plus haute pile du viaduc existant de Fribourg. Ce projet apportait une économie d’environ 3 millions de francs.
Sur la ligne de Marvejols à Neussargues, Léon Boyer a également l’occasion d’étudier et d’exécuter plusieurs viaducs en maçonnerie. Les plus importants sont ceux de Piou, de Sénouard et de Chanteperdrix, dont les longueurs sont respectivement de 169,50 m, 231 m et 235 m, et les hauteurs maxima respectivement de 45 m, 50 m et 43 m.
En 1883, peu avant la fin de la construction du viaduc de Garabit, Léon Boyer est appelé à Paris pour être adjoint au directeur de la construction des chemins de fer au sein du ministère des Travaux publics, où il prend une part active à l’étude des conventions avec les grandes compagnies de chemins de fer. Il est élu, le 12 août 1883, conseiller général du canton de Florac.
En 1884, il est nommé ingénieur en chef des Ponts et chaussées et en 1885 il candidate sur le poste vacant de Directeur des Travaux du canal de Panama et est retenu par Ferdinand de Lesseps. Il part le 6 janvier 1886 et arrive à Panama le 31 janvier. Préoccupé par l’ouverture du canal dans les délais prévus, il propose à Ferdinand de Lesseps de résoudre les deux difficultés principales du projet : l’écoulement des crues du Chagres par un canal de dérivation et la traversée du plateau central de la Culebra par un canal à deux biefs séparés par une dénivellation de 55 m avec à chaque extrémité un ascenseur hydraulique semblable à celui des Fontinettes. Le dispositif, étudié avec le concours de l’Ingénieur Barbet de la maison Cail, devait se composer essentiellement de 2 sas de 180 m de longueur, 18 m de largeur et 9 m de tirant d’eau, soutenus en leur milieu par un piston hydraulique de diamètre 6,60 m et latéralement par des pylônes métalliques. Léon Boyer devait partir pour Paris pour y défendre son projet, lorsque la mort vint le surprendre suite à une épidémie de fièvre jaune, après deux jours de maladie.
Il meurt à Panama 1er mai 1886, à l’âge de 35 ans.
Son nom a été donné à une rue de la commune de Mende, une statue de Léon Boyer est présente à Panama, sur la Plaza de Francia, aux côtés de Ferdinand de Lesseps. Une autre statue de lui est présente à Florac, sa commune natale.
Pour en savoir plus :
- Léon Boyer, Chemin de fer de Marvéjols à Neussargues, viaduc de Garabit, sur la Trueyre (préf. Léon Lévy, publié à titre posthume avec une notice nécrologique de Léon Lévy), Paris, Vve Ch. Dunod, Editeur, Librairie des corps des ponts et chaussées, des Mines et des Télégraphes, 1888.
- Léon Boyer, Note sur le calcul des grandes charpentes, Le Génie Civil : Revue générale des industries françaises et étrangères, tome VI, no 19, 7 mars 1885, pp. 295-299.(BNF Gallica).
- Léon BOYER, Théorie de la résistance du prisme élastique et des solides assimilables basée sur l’application du théorème du travail virtuel, Le Génie Civil : Revue générale des industries françaises et étrangères, Tome VII, N°3, 16 mai 1885, pp 38-40. (BNF Gallica).
- Sur Wikipédia : Léon Boyer.