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Le pont transbordeur de Marseille (1903-1905)

Entre 1903 et 1905, l’ingénieur et industriel français Ferdinand Arnodin , contemporain de Gustave Eiffel, construit un pont transbordeur à l’entrée de la passe du Vieux Port. Il est destiné à éviter le contournement du plan d’eau sur plus de 2 km  pour se rendre des secteurs de la Joliette et d’Arenc vers les usines et négoces des quartiers d’Endoume et des Catalans et inversement. Il s’agit d’une construction privée qui sert  de relais entre les 2 rives via une nacelle transportant piétons et véhicules sans perturber le trafic maritime.
L’ouvrage devient une formidable distraction. En effet on peut prendre un bol d’air à plus de 55 mètres  tout en haut sur le tablier où, côté Nord, se trouve une buvette/restaurant. On y accède par un escalier hélicoïdal dit en “cage d’écureuil” de 250 marches dans les 2 pylônes. Un ascenseur électrique est même installé dans le pyône nord en 1907.
Pour tous ceux qui passent par Marseille ou qui s’envolent depuis Marseille, le pont transbordeur est le symbole de la France à l’image de la tour Eiffel. 
Il est inauguré le 24 décembre 1905. Dans les années 1930, compte tenu des difficultés d’exploitation et faute de moyens financiers pour assurer son entretien, il ne sert plus que de décor de cartes postales. En 1938 il est déjà voué à la destruction. Ce sont les Allemands qui s’en chargent en août 1944 au moment de la libération de Marseille pour empêcher que ce port vieux soit le lieu de débarquement des troupes alliées mais seul le pylône nord s’abat dans les eaux. En septembre 1945 c’est le Génie de l’armée française qui se charge finalement d’achever la tâche.

Les fondations :
Afin d’assurer la stabilité de l’ouvrage, les pylônes reposent sur quatre embases en pierre de Cassis, maçonnées et enfoncées dans la mer ; deux par rives, espacées de 20 mètres chacune. Les fondations sont creusées à l’air comprimé au moyen de caissons ou cloches métalliques à section circulaire qui sont immergées et surmontées d’un sas d’entrée. 

Les pylônes :
Deux pylônes verticaux espacés de 165 mètres d’axe à axe s’élèvent à 86,62 mètres au-dessus du niveau des plus basses mers. Chaque pylône pèse 240 tonnes et comporte 8 étages de poutres agencées de façon à résister au mieux à la poussée des vents et à répartir les efforts dans l’ensemble de l’ouvrage. A l’intérieur de chaque pylône Nord et Sud, on trouve un escalier de 250 marches qui donne accès aux visiteurs sur le tablier, où deux passerelles permettaient de circuler d’un bout à l’autre de l’ouvrage. 

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Le tablier :
Le tablier horizontal de 165 mètres de long est situé à 50,08 mètres au-dessus de la mer pour permettre le passage aux plus hautes mâtures des navires qui fréquentent le port. Tous les 4 mètres, il est suspendu par des câbles obliques aux deux pylônes. Il est constitué par 2 poutres écartées de 8 mètres d’axe à axe et reliées par un contreventement. Il se prolonge au-delà des pylônes sur 41,18 mètres du côté Nord où se trouve la buvette/restaurant et le local de la sécurité, et sur 36,50 mètres du côté sud où se trouve la salle des machines. Au centre sur 34,60 mètres, le tablier est supporté par une travée parabolique. Les extrémités du tablier sont reliées à des massifs de contrepoids fixés au sol par des câbles disposés dans le plan vertical.

La nacelle :
Sous le tablier se trouvent des rails sur lesquels se déplaçe un chariot de roulement alimenté par l’électricité fournie par le réseau des tramways de la ville. A ce chariot, la nacelle est suspendue par l’intermédiaire de 30 câbles. Elle a les mêmes dimensions que celle du pont transbordeur de Nantes (10 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur).

Remarques :
Toute la superstructure de l’ouvrage est composée d’acier doux. Les câbles de suspension reliant l’ensemble des éléments sont en fil d’acier à torsion alternative du système breveté ARNODIN. Le poids total de l’ouvrage est de 1.400 tonnes.
C’est le plus grand des ponts transbordeurs français qui ont été mis en service.