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MONIER Joseph
Le précurseur du béton armé.
Né à Saint-Quentin-La-Poterie (près d’Uzès) en 1823 et Issu d’une famille de jardiniers depuis plusieurs générations, Joseph Monier monte en 1842 à Paris pour s’occuper du jardin de l’hôtel du duc d’Uzès. En 1846, il est engagé à l’orangerie des Tuileries. Il fonde en 1849 son entreprise comme horticulteur paysagiste. Après avoir utilisé du ciment projeté sur des grillages de fils de fer pour réaliser des rocailles et décors paysagers, il a alors l’idée d’utiliser cette technique pour remplacer les bacs à fleurs et cuves en bois qui pourrissaient rapidement, puis pour fabriquer des petits réservoirs et des bassins d’eau.
En 1867, il dépose son premier brevet sur un « nouveau système des caisses et bassins mobiles portatifs en fer et ciment applicable à l’horticulture ». et continue à construire de nombreux réservoirs et bassins pour des particuliers. En 1869, il déménage son entreprise avenue de l’impératrice (aujourd’hui avenue Foch) ; celle-ci est détruite lors du siège de Paris par les Prussiens en 1870. Il redémarre son activité et construit en 1872 un réservoir de 130 m3 à Bougival et 2 réservoirs de 1000 m3 à Sèvres. En 1875, il construit un réservoir de 50 m3 armé d’un treillage pour la ferme du château de Chazelet (Indre) où il édifie ce qui est considéré comme le premier pont en béton armé de France : un pont à poutres de 13,80 m de longueur et de 4,25 m de largeur sur les douves du château.
En 1873, il dépose un additif au brevet de 1867 pour « la construction de ponts et passerelles de toutes dimensions », et en 1878 il dépose un nouveau brevet intitulé « Système de traverses et supports, en ciment et fer, applicable aux voies, chemins ferrés et non ferrés », accompagné de dessins où l’on distingue des barres d’aciers solidarisées par des fils de fer et noyées dans le ciment. En 1879 il dépose un brevet en Autriche, puis en 1881 en Allemagne. En 1884 et 1885, deux entrepreneurs allemands Freytag et Wayss achètent (à bas prix…) les droits d’exploitation des brevets de Monier pour l’Allemagne. Ils expérimentent ce nouveau procédé et le développent à grande échelle pour la construction des chemins de fer, des fortifications militaires et des ponts ; la construction en béton armé y prend alors le nom de « Monierbau ».
Dans les années 1880, il continue à améliorer ses brevets et à concéder des droits d’exploitation dans divers pays européens.
En 1888, la société « J. Monier constructeur » est déclarée en faillite. Il essaye bien de remonter une nouvelle société en 1891 « L’Entreprise générale de travaux en ciment J. Monier » qui construit notamment le château d’eau de l’hospice Brignole-Ferrari à Clamart, mais il finit par s’éteindre en 1906 à Paris, dans la misère, non sans avoir reçu de nombreuses médailles pour son système ciment et fer.
Pour en savoir plus :
- J.L. Bosc, J.M. Chauveau, J. Clément, J. Degenne, B. Marrey, M. Paulin, Joseph Monier et la naissance du ciment armé, Éditions du Linteau, 2001.
- Joseph Monier et le pont de Chazelet, un article rédigé sur le n° 562 de la revue « l’ingénieur constructeur » (septembre/octobre 2022) par Christian Tridon et Patrick Guiraud sur la base du livre ci-dessus.
- Sur ACPresse : Joseph Monier, l’inventeur du ciment armé.