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Pont de Sully-sur-Loire – 1836 – 1859 – 1933 – 1941 – 1947 – 1986
Le pont de Sully-sur-Loire permet à la route départementale D 948 de franchir la Loire entre les communes de Sully-sur-Loire en rive gauche, et de Saint-Père-sur-Loire en rive droite.
La première mention connue d’un franchissement de la Loire à Sully-sur-Loire remonte à 1189, date à laquelle Archambaud de Sully fait donation à une abbaye des coutumes et du péage lui appartenant, en particulier sur le pont [1]. La crue extraordinaire de la Loire, en 1363, entraîne probablement la ruine de l’ouvrage. En effet, un compte des aides octroyées par le roi, datant de 1364-1366, permet de fixer l’état de ruine totale du pont en 1364 : le seigneur de Sully autorisant les habitants à prélever des pierres des « arches chues du pont ». Le pont ne semble pas avoir été remis en état après 1364, et en 1537 un compte de la seigneurie de Sully mentionne l’autorisation de prélèvements de matériaux nobles sur l’ouvrage [1].
La construction du premier pont suspendu de Sully-sur-Loire fait suite à l’établissement d’une concession de 99 ans par ordonnance royale du 14 décembre 1832 et se déroule de 1832 à 1836. Cet ouvrage comporte 3 travées suspendues de 72,40m, 96,20m et 72,40m, sans câbles de tête. Il est mis en service le 4 mai 1836 [2].
Lors de la crue du 2 juin 1856, la culée rive droite et l’arche adjacente s’effondrent. Lors de la reconstruction, il est décidé d’allonger la dernière travée rive droite et de la porter à 96,20 m, et de construire une pile supplémentaire rive gauche. L’ouvrage comporte donc 4 travées (72,40 m pour la 1ère et 96,20 m pour les 3 autres). Les travaux sont réceptionnés le 8 octobre 1859.
Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, la travée 4 rive droite est incendiée par l’armée française le 6 décembre 1870. Elle est alors reconstruite de façon identique à l’ancienne.
Entre 1932 et 1933, l’ouvrage est reconstruit par l’entreprise Baudin Châteauneuf afin de le remettre en état et le moderniser. Les travaux comportent notamment le remplissage intérieur des têtes de piles, la réalisation de massifs additionnels d’ancrage, le remplacement complet du tablier et de la suspension [2]. Les câbles de tête font leur apparition. Il comporte alors une chaussée de 6m de largeur et 2 trottoirs de 1,20m interrompus à chaque pylône. Les essais de réception ont lieu les 17 et 18 janvier 1933 et l’ouverture à la circulation est effective le 24 février 1933.
Au cours de la seconde guerre mondiale, l’ouvrage est bombardé le 15 juin 1940 par les aviateurs italiens, puis il est détruit par l’armée française le 18 juin 40 afin d’empêcher l’armée allemande de traverser la Loire.
Le projet de la quatrième reconstruction est approuvé par les décisions ministérielles des 26/02/1941 et 19/05/1941, et l’ouvrage est à nouveau reconstruit. les travaux sont confiés à l’entreprise Cossonet pour la réfection des maçonneries et à Baudin Châteauneuf pour le tablier et la suspension.
Lors d’un bombardement de l’aviation alliée, le pont de Sully est à nouveau détruit. La totalité du tablier s’affaisse dans la Loire et les pylônes aval des 3 piles en rivière sont détruits.
La cinquième reconstruction est entreprise dès la fin de la guerre, jusqu’en 1947. L ’ensemble de l’ouvrage est reconstruit sur la base des plans élaborés pour les travaux de 1941, tant pour les maçonneries que pour la partie métallique, et les travaux sont confiés de nouveau à Cossonet pour la réfection des maçonneries et à Baudin Châteauneuf pour le tablier et la suspension. L’ouverture à la circulation a lieu le 20 juillet 1947.
Le 16 janvier 1985 à 7h40, le pont suspendu de Sully-sur-Loire s’effondre brutalement dans le lit de la Loire. Le froid intense qui régnait ce matin-là, de l’ordre de -23 °C, a aussitôt été considéré comme l’un des facteurs déterminants de cette catastrophe. Au moment de l’accident, seuls 3 véhicules automobiles et un cycliste se trouvaient sur la travée de rive côté Sully-sur-Loire qui s’est affaissée sur la rive, hors d’eau. Cette circonstance particulièrement heureuse a conduit à l’absence de morts et de blessés graves.
Dans le scénario le plus probable formulé par les experts pour la ruine du pont de Sully-sur-Loire, un véhicule lourdement chargé de grumes et abordant l’ouvrage par la travée rive gauche, a eu pour effet de surtendre les câbles de tête des trois autres travées, provoquant la rupture de l’attache d’un des câbles de la deuxième travée. Le déséquilibre de la selle mobile en tête de pylône a entraîné alors l’échappement de l’attache d’un câble de la première travée ; celui-ci est ensuite venu s’enrouler autour de la cabine du poids-lourd, en ayant au passage arraché une suspente ainsi que ses attaches haute et basse et une partie de la membrure inférieure de la poutre de rigidité. Coupé en deux dans sa partie amont, le tablier de cette travée s’est effondré, entraînant la ruine des autres travées par une réaction en chaîne. Dans le mécanisme de ruine retenu par les experts, c’est la rupture d’une attache de câble qui est le fait initiateur, mais la rupture d’un élément de la poutre de rigidité est également en cause. L’examen des aciers des barres filetées qui ont été expertisées, a montré qu’il s’agissait de ruptures fragiles au niveau des suspentes et des étriers liées aux caractéristiques chimiques des aciers (forte teneur en carbone, en soufre et phosphore), aux amorces de rupture par usinage des filetages et à une très faible résilience, notamment à basse température [3] [4].
Dès le mois d’avril 1985, un appel d’offres est lancé par le Conseil Général qui en avait la gestion, suite à la loi de décentralisation. Par délibération du Conseil Général du 10 juin 1985, les travaux sont confiés à l’entreprise Baudin Chateauneuf pour un montant de 30 113 000 FF. L’ordre de service est donné le 20 juin 1985 pour un délai de 18 mois. La nouvelle structure est un pont à ossature mixte de longueur totale 378 m comportant six travées : 2 travées de rive de 49 m et 4 travées centrales de 70 m. Il repose sur 5 nouvelles piles implantées en Loire et sur les 2 anciennes culées. Le tablier à ossature mixte se compose de 2 poutres métalliques continues connectées à une dalle en béton armé. L’ouvrage est inauguré et mis en service le 23 septembre 1986.
Références :
-
[1] MESQUI J. Sully-sur-Loire – Pont sur la Loire, Revue archéologique du Loiret, n°12, 1986, pp. 67-83.
- [2] COLOMBOT D. Les 7 ponts successifs de Sully sur Loire. Journée Technique STRRES – 6 décembre 2012.
- [3] PERSY J.P. RAHARINAIVO A. – Etude de la rupture par temps froid d’éléments en acier provenant d’un pont suspendu. Bull. Liaison Labo P. et Ch. – 152 – nov.-déc. 1987, pp 49-53.
- [4] PERSY J.P. – Effondrement du pont de Sully sur Loire. Bulletin Ponts Métalliques n°13 de 1990, pp 17-22.