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Pont du Veurdre – 1833 – 1910 – 1949
Les 3 ponts succesifs ont été construits pour franchir la rivière Allier entre les communes du Veurdre et de Livry dans le département de la Nièvre.
Les premières traces connues du franchissement de l’Allier à cet endroit datent du Moyen Âge. Ce n’est cependant qu’en 1833 que l’administration royale ordonne la construction d’un pont.
Le premier ouvrage est un pont suspendu et ne comporte qu’une seule voie. Il est à péage. D’une ouverture totale de 191,40 mètres, il comporte trois travées. En 1866, une crue provoque son effondrement et il devra être reconstruit.
Marc Seguin est l’apôtre en France des ponts suspendus. C’est en 1824, associé à ses frères, qu’il construit sur le Rhône à Tournon, le premier grand pont suspendu français : 170 m de longueur en deux travées de 85 m. Le succès est total. Aussitôt l’engouement est tel que plus de 400 de ces ouvrages sont construits dans la première moitié du siècle. Mais trop légers, leur tablier est en bois, ils sont fragiles et trop sensibles au vent.
En 1910, l’ingénieur Eugène Freyssinet construit pour remplacer le pont détruit, le premier d’une série de trois ponts au-dessus de l’Allier, d’un genre identique en béton armé, avec le pont Boutiron à Creuzier-le-Vieux, au nord de Vichy et le pont de Châtel-de-Neuvre. L’année précédente, il avait mis au point une technique de tirant-buton en faisant des tests à partir d’une arche d’essais construite à Moulins pour assurer l’immobilité des culées de l’arche.
L’ouvrage comporte 3 arcs en béton armé très plats de 67, 72, 67 m de portée. Quelques mois après la mise en service du pont, 3 arcs s’affaissaient. C’est la conséquence du phénomène, méconnu jusqu’alors, de la déformation différée des bétons sous charge. Pour sauver l’ouvrage, Eugène Freyssinet va utiliser les vérins de décintrement pour exercer une poussée horizontale en clef de voûte, écarter les deux moitiés de l’arc et ainsi les ramener progressivement puis définitivement à leur position initiale. L’ouvrage est déterminant dans la réflexion d’Eugène Freyssinet sur la possibilité d’obtenir une compression permanente du béton malgré ses lentes déformations. Cependant, il faudra attendre 1928 pour qu’il dépose sa demande de brevet sur le béton précontraint.
L’ouvrage est dynamité le 7 septembre 1944 par la Résistance pour couper la retraite des troupes allemandes (et notamment celle de la Colonne Elster).
En 1948, le pont est reconstruit sur les anciennes piles qui n’avaient pas été détruites. En béton précontraint, sa structure « Cantiveler » (pont à poutres en porte-à-faux) est parmi les premières utilisées en Europe. Il est inauguré le 5 février 1949.
Ce nouvel ouvrage a une ouverture totale de 225,50 métres entre parement des culées. Il possède 3 travées principales pour une largeur de 9 mètres. Ce qui en fait à sa construction le plus grand de ce type en France.
Pour en savoir plus :
- Sur la revue l’ingénieur constructeur : L’arche d’essais du pont du Veurdre, un ouvrage précurseur d’Eugène Freyssinet. – Construction technique, p20 à p24.
- Sur l’infolettre d’AscoTP : L’arche d’essais du pont du Veurdre par Eugène Freyssinet.
- Sur Wikipédia : Pont du Veurdre.
- La maquette du 2ème pont du Veurdre : Maquette fabriquée par les Ets E. Duchanot offerte en 1912 au département de l’Allier (qui en a fait don au musée du Bâtiment à Moulins) par Messieurs Freyssinet ingénieur et Mercier entrepreneur.