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Pont tournant Colbert (ou du Pollet) à Dieppe (1889)

À la fin du XIXe siècle, le port de Dieppe fait l’objet de  grands travaux réalisés dans le cadre du plan Freycinet de 1880. C’est l’occasion de doter la ville d’un ensemble de ponts fonctionnels et en particulier du pont Colbert.

Cet ouvrage est le plus ancien des ponts dieppois encore en place et c’est un pont tournant à deux voies et à une volée. il s’agit du dernier pont tournant hydraulique d’Europe encore en fonction. En position ouverte, il commande l’accès du port de commerce, tandis que fermé, il relie le quartier de Neuville et le Pollet.

L’ouvrage est réalisé sous la direction de Paul Alexandre assisté de Colmet-Daage, ingénieurs des ponts et chaussées. 

Il est mis en service à la circulation en 1889 mais ne ne sera baptisé qu’en 1925 et inauguré officiellement qu’en 1946, lors de sa réouverture après son sabotage par l’occupant en août 1944.

Rare témoin de l’ingénierie du XIXe siècle qui a conservé sa machinerie d’origine et son fonctionnement manuel, le Pont Colbert est classé aux Monuments Historiques le 3 novembre 2020.

La structure de l’ouvrage est réalisée en fer puddlé et laminé. Son tablier mesure 70,5 mètres de long, dont 47 mètres de portée au-dessus du chenal. 8,60 mètres de large et 7,113 mètres de hauteur.
Les 2 poutres maîtresses sont en forme de caisson ; leur table inférieure est à peu près horizontale, leur table supérieure est profilée suivant un arc de cercle continu de 65 mètres de rayon. La hauteur des poutres mesure 7,113 mètres au droit du pivot ; elle se rféduit à 2,753 mètres à l’extrémité de la volée et à 5,973 mètres à l’extrémité de la culasse. La largeur des tables est uniformément de 0,80 mètre ; leur épaisseur varie de 70 mm au droit du pivot à 15 mm aux extrémités du tablier. les tables supérieure et inférieure sont réunies par des montants verticaux espacés de 4,85 m d’axe en axe et des croix de Saint-André.  

Sa construction est l’œuvre de la société des ponts et travaux en fer. Les éléments (cornières, fers plats, poutres en treillis, croix de Saint André et profilés en I) ont été préfabriqués et pré-perforés en atelier et assemblés sur place.

Le mécanisme est l’œuvre de la Société Fives-Lille Cail. Il est dû à l’ingénieur Baudet. Il permet de faire tourner le pont par l’intermédiaire de l’hydraulique. On utilise tout simplement l’eau du chenal. L’eau est pompée puis le mécanisme est actionné par deux grands vérins qui entraînent une lourde chaîne (constituée de 200 mailles de 14 kg chacune) autour du pivot.

La manœuvre du pont se fait en deux temps : il faut d’abord libérer la culasse en soulevant le pont pour permettre son pivotement. La manœuvre prend 2 à 3 minutes. La machinerie des pompes, d’abord à vapeur, a été remplacée par des pompes électriques.

Restauration du pont Colbert :

En raison des signes de vieillissement de l’ouvrage et afin de sécuriser le fonctionnement urbain de Dieppe, la restauration de l’ouvrage a été entrepris.
Le syndicat mixte régional Ports de Normandie a sélectionné le groupement dont Eiffage Métal est mandataire (avec Eiffage Génie Civil, ETM et Lassarat). Près de 20 M€ (HT) sont prévus pour les travaux. 

Depuis le début de l’année 2024, le pont a été déposé et déplacé afin de le décaper (sablage). Plusieurs phases du chantier suivent : remplacement ou réparation des pièces de métal endommagées, remise en peinture, dépose des caillebotis et réfection de la chaussée et du trottoir piétonnier, restauration de la cabine de conduite et de l’ensemble du mécanisme situé sous le pont…

Le chantier doit se terminer à l’été 2025.