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SCHNEIDER Joseph Eugène
Un grand industriel des ponts.
Eugène Schneider est né le 29 mars 1805 à Bidestroff (Moselle). Il est le fils d’Antoine Schneider (1759-1828), notaire royal, maire de Dieuze, conseiller général et propriétaire du château de Bidestroff, et d’Anne-Catherine Durand (1781-1858).
Le 28 octobre 1837, il épouse Constance Lemoine des Mares (1815-1889), fille du député et manufacturier Gilles Lemoine des Mares et nièce du banquier André Poupart de Neuflize (1752-1814), baron d’Empire de la haute société protestante. Ils auront une fille, Félicie, mariée à son cousin germain le ministre Alfred Deseilligny, et un fils, Henri.
Eugène est embauché à la banque Seillière, spécialisée dans le secteur du négoce. On lui confie la direction d’une filature de laine à Reims durant trois ans. La banque Seillière, pressentant le développement de la métallurgie et de la sidérurgie, rachète les Forges de Bazeilles au baron André Poupart de Neuflize et nomme Eugène Schneider directeur du site en 1827. Conscient des limites de ses compétences techniques et scientifiques Eugène suit alors des cours du soir au Conservatoire national des arts et métiers et en ressort diplômé.
Suite à la faillite en 1833 de la Fonderie du Creusot qui avait été rachetée en 1826 par la société métallurqique anglaise Manby et Wilson aux frères Chagot, la banque Seillière s’intéresse aux forges du Creusot et nomme, fin 1836, les deux frères Adolphe et Eugène Schneider cogérants de la nouvelle société qui prend le patronyme « Schneider frères et Cie ». Dès la prise de contrôle par ces nouveaux gérants une action importante de modernisation de l’outil industriel est entreprise en installant notamment dans les ateliers de mécanique des machines importées d’Angleterre. Les équipements sidérurgiques, (hauts fourneaux, fours à coke, laminoirs, mines de charbon) sont également l’objet d’une modernisation à marche forcée.
Après le décès accidentel de son frère Adolphe, le 10 en août 1845, Eugène Schneider assume seul la direction de la société qui devient « Schneider et Cie ». Il acquiert rapidement une grande réputation dans l’Industrie, devient en 1851 membre du Conseil général des manufactures, puis en 1864, fonde avec Charles de Wendel, le Comité des Forges, premier syndicat industriel, dont il est le premier président.
Il conduit une politique d’expansion des sources d’approvisionnement en minerai de fer et en charbon ; tout d’abord dans l’environnement proche du Creusot (Saône et Loire, Nièvre et Côte d’Or), puis plus au loin (Berry, Doubs). Il met en œuvre une stratégie d’intégration verticale dans de nombreuses activités mécaniques comme les locomotives, les constructions navales, les ponts et les charpentes métalliques.
En 1854, afin de financer les énormes besoins du développement industriel, il participa à la création avec l’aide d’un groupe d’industriels, d’une des premières banques de dépôt françaises, la Société Générale et il en devient le premier président en 1864. En 1868, les établissements Schneider emploient environ 10 000 ouvriers au Creusot.
En 1870, les usines du Creusot sont le foyer de mouvements sociaux sévèrement réprimés ; deux grèves éclatent : la première en janvier (10 jours) puis la seconde en mars (23 jours). L’intervention de l’armée (4 000 hommes en janvier) fait 6 morts parmi les ouvriers. Les grévistes s’attaquent à la personne d’Eugène Schneider qui est non seulement leur patron, mais aussi le président du corps législatif, le régent de la Banque de France et le maire de la ville. Avec la chute du Second Empire le 4 septembre 1870, Eugène Schneider doit se réfugier en Angleterre et cède temporairement la direction à son fils Henri.
Après la défaite de 1870, le président de la république Adolphe Thiers incite Eugène Schneider à s’orienter vers la fabrication d’armement en acier. C’est Henri, son fils, qui met en œuvre cette nouvelle politique en créant de nouveaux ateliers dédiés à l’artillerie. La fabrication de canons et de blindages dont la qualité est mondialement reconnue, assure au Creusot une activité importante. La société se distingue par la production d’aciers spéciaux ainsi que par l’utilisation d’outils modernes comme son marteau-pilon de 100 tonnes qui permet de forger avec une grande précision des pièces de grandes dimensions, le plus puissant marteau-pilon du monde mu par la vapeur, et conçu par François Bourdon, ingénieur et directeur des ateliers de construction mécanique des Établissements Schneider du Creusot.
Si l’on revient au domaine du génie civil, l’entreprise « Schneider et Cie » aura construit entre 1853 et 1863 pas moins de 453 ponts en France et à l’étranger. Elle continuera à construire de nombreux ouvrages d’art après la mort de son fondateur : plus de 1000 en tout jusqu’en 1914.
Eugène Schneider meurt le 27 novembre 1875 à Paris et est inhumé dans le caveau familial des Schneider dans l’église Saint-Charles au Creusot. Ses successeurs à la direction de Schneider et Cie sont ses descendants : Henri Schneider (1840 – 1898) ; Eugène II Schneider (1868 – 1942) ; Charles Schneider (1898 – 1960).
En 1879, une statue en bronze sur un socle de pierre (de Henri Chapu et Paul Sédille) est érigée en sa mémoire sur la place qui porte désormais son nom au Creusot. Elle est inaugurée en octobre 1879, en présence de Ferdinand de Lesseps.
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